Saint-Dié-des-Vosges sera à la hauteur de son devoir d'humanisme (11/09/2015)

Intervention de David VALENCE, Maire de Saint-Dié-des-Vosges, sur la situation et l'accueil des réfugiés

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"Depuis quelques mois nous vivons, à travers la crise des réfugiés de guerre syriens et irakiens, l'un des épisodes humanitairement les plus tragiques de la lutte engagée par la France contre le terrorisme. Par la France et par les grands pays occidentaux qui, depuis plusieurs mois, frappent l’état islamique de Dahesh sur différents points de son très vaste territoire sur lequel vivent entre 8 et 10 millions d’habitants.
C'est donc cette crise, une étape de la lutte engagée contre le terrorisme, et c'est ce qui fait sa spécificité par rapport à d'autres courants migratoires, que nous connaissons depuis plusieurs années. C'est ce qui justifie aussi que le traitement qui pourra être réservé par la France à ces réfugiés de guerre soit différent de celui qui est réservé à des réfugiés économiques.
Cette lutte sans merci contre le terrorisme, contre un état qui détruit des monuments millénaires, contre un état qui pratique des exécutions publiques, contre un état qui humilie l'Homme, contre un état qui prétend revenir en arrière, nous devons la conduire comme la France a conduit dans le passé la lutte contre d'autres régimes totalitaires, dans les années 30 ou dans les années 50, à l'heure où des réfugiés venus notamment d'Europe de l’Est étaient accueillis par notre pays.

Face à cette émotion qui s'est manifestée dans notre pays tardivement, notamment avec ces images terribles d'un enfant retrouvé mort sur la plage, face au mouvement d'arrivées en Europe (qui ne fait que commencer) de populations de Syrie, d’Irak et aussi de Libye, nous devons agir de façon coordonnée à la fois humaniste et responsable. Nous avons, en effet, un devoir d'humanité face à ces populations, un devoir spécifique d’humanité face à des hommes et des femmes qui sont menacées dans leur chair, dans leur culture, et qui vont arriver dans notre pays avec un horizon moral chamboulé, dans une détresse affective profonde et dans un désarroi sans doute durable.
Nous avons un devoir d'humanité parce que c'est l'histoire de la France que d'être un pays d’accueil pour ceux qui viennent, menacés par des régimes totalitaires.

Nous devons tendre la main, une main responsable, une main consciente et une main capable d'assurer l’accueil des populations dans la dignité. Nous devons tendre la main avec les autres pays européens, car c'est un problème européen et ce sera très rapidement un problème qui touchera tous les pays occidentaux, car les populations dont nous parlons seront nécessairement des populations mobiles et dont la situation ne peut pas être comparée à celle d'autres demandeurs d'asile.
Face à cette urgence de l’accueil humaniste, face à cette nécessité d'une action coordonnée et face à l'impérieuse nécessité aussi d'être responsable et pragmatique dans notre accueil, la Ville de Saint-Dié-des-Vosges a choisi de rejoindre le réseau des villes solidaires.

C'est une décision que nous avons prise en conscience, sans vouloir réagir au rythme médiatique ni à l'émotion qui nous a tous saisis la semaine dernière, une décision que nous prenons collectivement à l’issue d'une réunion de groupe de la majorité qui s'est tenue ce matin même. Une décision responsable parce que nous savons que cette situation de déstabilisation du Moyen-Orient est destinée à durer.
Face à cette urgence humanitaire nous devons adopter une gestion coordonnée. Rien ne serait pire que les initiatives isolées d’associations ou de citoyens. Cette gestion ne peut se faire que sous l'autorité des pouvoirs locaux et des mairies. Je lance ici un appel à celles et ceux qui souhaiteraient s'associer à notre réflexion pour l’accueil de ces citoyens. Prenez contact avec nous et le Centre Communal d’Action Sociale afin que nous puissions mettre en place une structure coordonnée et d’accueil. Rien ne serait plus grave qu'un accueil désordonné de ces populations dans notre ville.

Aujourd'hui nos capacités d’accueil sont limitées à une dizaine de personnes. Nous comptons sur l'Etat pour identifier les vrais réfugiés de guerre des autres et pour soutenir la municipalité dans son effort de nécessaire solidarité et devoir d'humanisme. Aujourd'hui, les détails de la participation de l’état et de sa prise en charge sont encore flous et je demande que des précisions soient apportées rapidement, que ce soit à l'occasion de la réunion qui aura lieu samedi au Ministère de l'Intérieur et à laquelle j'ai été invité, ou plus tard dans le temps. Le problème ne se réglera pas en quelques jours et nous aurons besoin de cette solidarité de l'Etat dans le temps."

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