Vosges : Un bouquin qui ne sent pas le bouchon !  (12/07/2013)

1a.jpgQu'importe la couleur du ciel, pourvu qu'on ait l'ivresse de la trouvaille ! La jubilation de s'étonner encore et toujours d'une rencontre improbable. De se surprendre à pousser une porte, franchir un trottoir pour s'assoir en un lieu ignoré quelques instants plus tôt.

Ceux qui ont déjà eu en main « Les Vosges par le cul de la bouteille » de Vianney Huguenot ne s'en lassent pas. Voici là un petit guide touristique qui s'annonce « insolite et insolent ». De quoi piquer les curiosités. D'autant que pour préfacer l'ouvrage, Philippe Claudel et Claude Vanony ont trempé leurs plumes (mais non, pas dans un délectable cruchon !) dans l'encre de leur amitié. 

Le genre « chroniqu'air touristico-bistrotier-nostalgique » développé par l'auteur, Déodatien depuis toujours, mais né à la maternité Adolphe-Pinard (si, si..., cela ne s'invente pas !) de Nancy trimbale le lecteur au travers neuf parcours dessinés dans Saint-Dié-des-Vosges et une dizaine d'autres. Oh pas besoin d'aller bien loin pour s'ébaudir. Sur un rayon d'une trentaine de kilomètres, on débusquera de quoi se régaler le palais et l'esprit. Ainsi, au départ de la capitale du massif vosgien, on se surprend à emboiter le pas de Vianney, pour savourer l'éloge de la non-prise de tête et de la flânerie, sans la paresse des yeux et du coeur.

Le format facile à manier glisse dans la poche. « Les Vosges par le cul de la bouteille » joue les intrépides en faisant la nique aux chroniqueurs avertis et prétendus avis autorisés. Le bouquin de Vianney Huguenot se permet un joli pied nez du côté des ayatollahs des sentiers battus. Parcours touristiques trop souvent jalonnés par les lobbys de la consommation en tout genre. Bonne humeur de rigueur, l'auteur se fiche de plaire ou d'égratigner des susceptibilités. La balade est revigorante, le patron du bistrot est sympa, le nectar servi s'avère gouleyant, la déco mérite le coup d'oeil.

122 pages atypiques pour dévoiler tout un secteur. Une illustration interpelle. Un sentiment de déjà vu. Mais oui, c'est bien sûr ! Sur le Haut Jacques ou ailleurs, et paf on se rend compte que l'on circulait à côté sans ne rien en connaître. Vianney charrie un peu la « Dame de Bruyères » ou de « gruyères ». S'arrête à feu le Café Français, un troquet maintenant repris sous une nouvelle enseigne. On s'en jette un derrière le gosier et à la prochaine.

On y va, on y revient, où est passé mon bouquin ? Ah, le voilà. Retour sur Saint-Dié-des-Vosges (au passage apprenez à ne pas zapper des Vosges, c'est bien, comme l'on dit ici, de causer de chez nous), la ville est belle, son festival surfe sur une géographie humanisée. Braque, Le Corbusier, Bazaïne, Lud, Jules Ferry, Goll, Augustin et pas mal d'autres y ont laissé leurs empreintes de pensées et de talents.

Journaliste, Vianney Huguenot n'est pas de ceux dont seul le clavier de l'ordinateur chauffe pour pisser la copie. Le gars mouille la liquette, use ses souliers et rencontre des gens pour donner de la couleur à son papier d'auteur. Impressions, émotions, rédaction...

S'il préfère la clope à la pipe de Philip Mortimer, Vianney porte en lui la même joie de vivre que le personnage d'Edgar P. Jacobs et pose un regard sans concession. Jamais méchant, malicieux, bourré d'humour. De l'intitulé de l'une des premières chansons de Brel, dont les paroles s'appliquent fort, le bouquin-guide touristique aurait pu titrer « Il nous faut regarder ». 

Si vous ne vous trimballez pas encore avec « Les Vosges par le cul de la bouteille », il n'est jamais trop tard pour bien faire ! Vous l'avez déjà ? Ne soyez pas égoïste, faites le connaitre, prêtez-le, offrez-le ! « Les Vosges par le cul de la bouteille », c'est du partage, de l'amitié. Une limonade, un p'tit noir, un canon d'un blanc du Jura... trinquez et soyez heureux ! Tchin-tchin, à la bonne vôtre !

Dans les bonnes librairies : Estlivres édition, Les Vosges par le cul de la bouteille. 14 €

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