Bruyères : Thérèse Boileau, 36 531 jours après sa naissance (08/04/2013)

Une sympathique cérémonie placée sous le signe de l'amitié rassemblait beaucoup de monde au home du Cameroun où il s'agissait de célébrer dignement une souriante centenaire. La direction de l'établissement, le personnel, la famille, les amis et des élus locaux entouraient d'attention Thérèse Boileau. Le conseiller général Christian Tarantola se faisait un plaisir de retracer les grandes lignes de la vie de Mme Boileau, née le 30 mars 1913 d'un père artisan et d'une mère alsacienne.

 C'était un dimanche. C'était il y a un siècle. Quatrième d'une fratrie de 5 enfants Thérèse connut les souffrances des deux guerres et perdit sa maman, quatre ans après la première. Le papa était alors maintenu sous les drapeaux. C'est donc à l'orphelinat qu'elle passera une partie de ses jeunes années. Elle fera plus tard connaissance de sa maman d'adoption. Sa jeunesse se déroulera alors paisiblement entre scolarité, chorale, actions et congrégations. Thérèse Boileau débutera dans la vie active comme dame de compagnie à Paris puis retrouvera les Vosges pour travailler dans une usine de tissage à la Bresse. Elle sera ensuite embauchée dans une coopérative agricole et y fera connaissance de Paul Jeangeorges qui devait devenir son mari.

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Dynamique et entreprenante Mme Boileau s'associera à son frère Charles et à sa belle soeur pour créer un commerce d'alimentation café-vente au détail de lait collecté dans les fermes des montagnes.

La Seconde Guerre mondiale arriva. En 1939, Paul fut mobilisé et rentra un an plus tard malade et fatigué. Il décéda deux ans plus tard. Les années qui suivirent furent particulièrement difficiles pour supporter l'occupation allemande. L'automne 44 fut terrible, après 6 semaines, enfermés dans des caves pour survivre aux bombardements, femmes et enfants durent quitter leurs maisons et partir dans la neige et le froid des montagnes. Cela, avec seulement quelques bagages le plus souvent abandonnés en chemin. Après 24 heures de marche harassante en passant par le col de la Vierge recouvert de neige, Thérèse Boileau se retrouve avec d'autres malheureux fuyant la mort et entassés par centaines dans quelques maisons délabrées de Xoulces. En pleine nuit les soldats allemands venaient déloger tout le monde des ruines qui les protégeaient des tirs d'obus. Cornimont venait d'être libéré, la Bresse entièrement détruite et incendiée. Réfugiée en Haute-Marne, Thérèse rentrera au pays en 1945 où des habitations de fortune avaient été construites. Elle rencontre alors André Boileau, un garagiste, veuf sans enfant et l'épousera en 1947.

 

Trois garçons naitront, Michel en 1949, François en 1952 et André en 1954. Hélas, la vie quittera trop tôt le père de famille. Courageusement, Mme Boileau se mettra à la tâche pour que perdure l'affaire de son mari, jusque sa reprise par Claude le fils ainé de Mme Boileau. Les charges étant trop lourdes pour une mère de cinq enfants, elle choisira de mettre le garage en gérance. En 1961, Thérèse quittera la Bresse pour aller occuper une place de cuisinière à l'institution Saint-Joseph. L'heure de la retraite venue, en 1972 elle retrouve la Bresse. En 1979, un nouveau drame survint avec le décès de sa fille Pierrette. En 2001, c'est André qui décède. Malgré ces grandes douleurs, Mme Boileau restera digne et forte. Son courage extraordinaire et sa foi inébranlable lui firent surmonter de cruelles douleurs. Forte de ses 100 ans, elle est considérée comme un modèle d'adaptabilité.

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Christian Tarantola se faisait un plaisir de remettre le « Diplome de centenaire » décerné par le Conseil général pour honorer nos aînés et rappeler l'engagement du Département à leurs côtés.

Et tous de féliciter chaleureusement cette nouvelle centenaire dont l'existence est un modèle de pugnacité, de dignité et d'amour des siens. 

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