Vosges : " Le " Claude fait Chevalier des Arts et des Lettres (02/06/2012)

Seuls les plus coincés iront prétendre le contraire. Not' Claude, oui « le » Claude, enfin on l'a compris, Claude Vanony est aux Vosges ce que Big-Ben est à la Tour londonienne de l'Horloge ! 

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Qualifié de « légende », par Jack Lang venu jusqu'au grand salon de l'Hôtel de Ville de Gérardmer pour honorer l'artiste de la Médaille des Arts et des Lettres, en présence du maire de la ville, l'ancien ministre de la Culture mettait l'accent sur « ... une culture populaire, d'une telle force... un art, un talent, une inventivité... et le parcours particulier d'un pur produit vosgien... » 

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Jamais récompensé officiellement jusqu'ici, Claude Vanony évoquait le souvenir de son Olympia, précisément 15 janvier 2012, lorsqu'il reçut Jack Lang venu le féliciter. « C'était la première fois qu'un politique se déplaçait jusque ma loge ! » Encore tout ébaubi, not' Claude ne s'attendait pas à la suite. Jack Lang était plus tard allé interpeller son collègue, Frédéric Mitterrand pour lui indiquer le mérite du fantaisiste. Le ministre de la Culture d'alors approuvait sans restriction l'idée de décerner une décoration au populaire Géromois. S'il a l'habitude de faire le pitre sur les planches, l'enfant du pays, né le 1 août 1935 n'en demeure pas moins doté d'une sensibilité à fleur de peau, qu'il cache le plus souvent sous quelques boutades.

S'il quitte l'école à 14 ans pour aller travailler chez son artisan de père, c'est pour une raison aussi bête que cela : « l'instituteur ne m'aimait pas et ne me trouvait pas capable d'aller au certificat d'études, il n'a donc pas voulu me présenter ! » Soit, foi de maître d'école, c'est donc dans l'entreprise paternelle de plomberie « mon père faisait un peu tout ! » que le garçon rêve de devenir pompier de Paris ou prof de sport. La vie est ainsi faite, qu'il faut parfois utiliser des chemins détournés. Il sera pompier, partira 27 mois sous les drapeaux pour effectuer son service militaire au Maroc, Il se jettera ensuite à l'eau en devenant plongeur « L'un des premiers dans les Vosges ».  Professeur de sports, il commençait à réaliser quelques spectacles avec ses potes du groupe folklorique des Menestrels. De fil en aiguille, comme on dit ici, « le » Claude se découvrait une âme de baladin. « Jean Grossier m'avait donné un rôle d'un montagnard, je portais le chapeau, une lanterne, des sabots et une pèlerine... j'ai conservé ce personnage... » 

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Un peu de théâtre, des pirouettes scéniques, des premiers sketches attiraient les rires de son public. Mais, pas son directeur d'établissement scolaire qui le somma de faire un choix. L'amuseur choisit et devint... l'artiste Vanony ! « Vous êtes un professeur de langue, de Lettres, hors pair », dira l'ancien ministre de l'Education Nationale. Et, Jack Lang de ne pas hésiter à désigner là une « vosgitude ». Mais aussi de voir chez Claude Vanony un reflet « une vraie tendresse, sans artifice, un artiste simple et direct... » 

Après 14 disque en bon vieux 33 tours, 6 CD, 3 DVD, un disque d'or en 1988 et le Prix Fernand Raynaud et des séries de spectacles qui font tous salle comble, Claude Vanony n'a pas chopé la grosse tête. Il n'oublie pas les siens, des joies, des peines, il en a connu. Pas toujours facile de conjuguer la vie de famille avec son métier. « Allez expliquer aux enfants que papa travaille le dimanche pour faire rigoler les gens... » Populaire, la comparaison avec Bourvil l'émeut. On le connait un tantinet grivois, gaulois souvent, jamais méchant. "Le" Claude il est comme cela, il arrive avec ses gros sabots, sa peau vache sur le dos, fidèle à lui-même, fidèle en amitié. Jamais cabot.

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Au moment de se voir épingler la médaille des Arts et Lettres par Jack Lang, il pose un regard embué sur son monde, sur ses proches dont un vieux monsieur assis là près de lui, Jean Grossier, tout aussi ému. « Quand on n'a pas travaillé à l'école ce n'est pas fichu, attention je ne dis pas qu'il ne faut pas travailler, mais quand on n'a rien fait, on peut réussir ! La preuve j'ai une décoration ! »

Joli pied de nez à l'ancien instituteur, qu'il faut remercier finalement. Car, sans son manque de jugement, « le » Claude, le vrai, l'unique, celui que l'on aime, parce qu'il nous ressemble, not' Claude, ben... il ne serait peut-être jamais devenu Vanony !

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