Saint-Dié-des-Vosges - Cheniménil : L'abbé Louis Boucher nous a quittés (20/12/2011)

Abbé Louis Boucher.jpgLa longue route sur terre de l'abbé Louis Boucher vient de s'achever dimanche 18 décembre. Pieusement, sans bruit, comme il avait vécu, le prêtre s'est éteint à l'âge de 98 ans.

Né le 20 juillet 1913, Louis était le cadet d'une fratrie de quatre enfants. C'est avec une véritable émotion qu'il évoquait encore récemment la disparition en déportation de son frère, André, devenu frère Xavier, en religion et conduit à Buchenwald, après un attentat contre Hitler, dont le malheureux franciscain n'était en rien mêlé.

La mort de Georges, son autre frère, décédé des suites d'un accident de voiture, bouleversait encore le vieil homme. Plus récemment, la disparition de Françoise, sa soeur aînée le chagrinait à nouveau. Centralien, Louis Boucher, fils de l'industriel, constructeur en 1910, des filatures éponymes à Cheniménil, aurait en toute logique pu succéder à son père. L'inattendu est survenu. Une rencontre avec un autre prêtre, la prise de conscience, un Appel de Dieu, son choix fut déterminé. Il poursuivit ses études engagées en seconde année de l'École Centrale, puis partit sous les drapeaux de l'Artillerie. C'est à 24 ans qu'il entra au séminaire. Ses deux années de philosophie à Rome devaient s'achever sur l'obligation de quitter l'Italie du fait de la guerre.

Il recevra son enseignement religieux au séminaire universitaire de Lyon. Nommé vicaire à Saint-Dié, puis durant 7 ans, curé de la paroisse Sainte-Jeanne d'Arc, Louis Boucher devint ensuite curé à Saint-Maurice à Epinal. Après 23 ans, il retrouve la Déodatie où il fut désigné auxiliaire au service de toute la ville. Le religieux exercera ce ministère durant 19 ans. C'est en 2000 qu'il fit le choix de demeurer à la maison de retraite déodatienne Saint-Pierre Fourrier. Il se plaisait dans son petit appartement, mais aussi à découvrir la propriété pour y recenser de superbes essences d'arbres rares. Quelques fonctions en paroisse, de menus travaux de jardinage, comblaient son temps libre. Jamais inactif, Louis se rendait chaque matin à son bureau aménagé chez lui, lisait et s'informait beaucoup. La foi qui le portait lui donnait la force de participer à des célébrations d'offices religieux.

Lui qui avait tant vu de choses au cours de son parcours regardait le monde avec charité. Le rythme effréné de la vie actuelle ne l'inquiétait pas vraiment. Louis en appelait à la raison. « Il faut de la concertation, de la générosité dans la réflexion. Le monde évolue. Internet c'est très bien et cela rend de grands services aux gens. On peut joindre rapidement des personnes à New York, à Shanghaï... » Et, d'ajouter en regardant ses interlocuteurs droit dans les yeux qu'il est utile de porter son attention autour de soi. Une Église qui bouge lui convenait. Tout en sachant qu'il est parfois difficile de bousculer les habitudes. ... « Les mentalités évoluent... ce n'est pas facile, mais nécessaire... » À presque cent ans, Louis Boucher pratiquait quotidiennement le Grec. Une langue à l'intérieur de laquelle il trouvait matière à questionnement. Et, encore de chercher des réponses dans le Latin. « Il faut toujours s'interroger... Entretenir un esprit, critique... Il faut du réalisme face aux situations... », disait-il. Sans jamais se plaindre, il supportait les difficultés de l'âge. Il rendait hommage au personnel soignant, pensait à ses proches. Evoquait la fraternité. Ceux qui eurent l'honneur de rencontrer Louis Boucher garderont le souvenir d'un homme profondément bon. Et, la fierté d'avoir partagé un petit bout de son chemin. Peu de temps avant de fermer les yeux pour toujours, ce grand serviteur de Dieu souriait. On regrettera Louis, mais on sait qu'il s'en est allé en paix et heureux.

Les obsèques de l'abbé Louis Boucher seront célébrées jeudi 22 décembre à 10 h en l'église Saint-Martin de Saint-Dié-des-Vosges et seront suivies de l'inhumation au cimetière de Cheniménil. Sincères condoléances à ses proches.

21:26 |  Imprimer |  Facebook |