Lépanges sur Vologne : la Légion Vosgienne en rangs serrés (26/03/2009)

P1150341.JPGRien n'a manqué dimanche 22 mars 2009 au bonheur associatif du président Nourdin qui invitait en assemblée générale les gens attachés à la Légion Vosgienne du secteur lépangeois.
Environ quatre vingt personnes, dont parmi les autorités le député Gérard Cherpion, le maire de Lépanges André Claudel, le conseiller régional Daniel Gremillet, le lieutenant de gendarmerie, Dominique Lallemand avaient fait le déplacement pour participer à ces assises ouvertes sous l'autorité de président fédéral, le général Jean-Marie Chotin.

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Nombreux maires des communes environnantes, et le président de la section bruyèroise André Freminet étaient également notamment présents. Yvan Nourdin ne pouvait que se réjouir. Et, saluait en particulier les doyens Gaston Flury, 98 ans et Gilbert Gremillet, 94 ans.
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Chacun avait une pensée émue pour les camarades décédés, dont André Viant, Suzanne Colin et Emma Tachet décédés récemment.
Le président associait alors les militaires tués en en janvier et février dernier en OPEX : 8 militaires tués au Gabon dans la chute d’un hélicoptère. 5 de ces militaires appartenaient au 13e régiment de dragons parachutistes de Dieuze. Le capitaine Patrice SONZOGNI du 35 ° régiment d’artillerie parachutiste de Tarbes, tué par un engin explosif en Afghanistan. Il était natif de Saulxures-sur-Moselotte. Le caporal du 27° BCA d’Annecy, tué par un tir de roquette en Afghanistan il y a guère plus d’une semaine. Et les 3 sapeurs pompiers décédés tragiquement dans un accident de canyoning, il y a peu de temps dans le département de l’Ain. Celles et ceux que des raisons de santé ont empêchés d’être de la réunion n'étaient pas oubliés.
En 2008, la section lépangeoise participait avec son fidèle drapeau aux commémorations patriotiques organisées sur le coin. « Côté convivialité, il faut souligner la forte participation des membres de la section aux diverses activités récréatives et de cohésion. » dira encore Yvan Nourdin avant de laisser la parole à Pierre Defranoux pour l'exposé du rapport financier. La disponibilité, l'engagement et le sérieux de Pierre Defranoux en charge de la caisse associative sont reconnus et applaudis. Les communes et les donateurs sont remerciés.
Au cours du son rapport moral le président déplorait le décès de trois membres, mais à contrario accueillait avec plaisir huit nouvelles adhésions. Ce qui porte l'effectif à 108 membres.
Venait ensuite un exposé sur les conséquences de la Première Guerre mondiale. Lequel conforte l'idée de la nécessité de " Se souvenir, agir, et réunir pour durer ! " Un mot d'ordre que martèlera encore Jean-Marie Chotin, toujours aussi en verve et mordant quand il s'agit de partager ses convictions patriotiques.
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Ces assises étaient encore le moment choisit pour décerner officiellement la médaille de la Légion Vosgienne par le président fédéral à :
Pierre Defranoux pour l'or ; à Gaston Flury, Gilbert Gremillet et Yvan Nourdin pour l'argent. P1150322.JPG
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Les médaillés de la Légion Vosgienne

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Parmi les intervenants le conseiller régional et le député exprimaient leur estime de la section lépangeoise de la Légion Vosgienne. Tout ce petit monde était convié par Yvan Nourdin à trinquer à « une amicale bien vivante, dynamique, qui continue de se développer dans le respect dû à ses fondateurs ». Le président se réjouissait encore de la participation d'une centaine de convives au repas de cohésion.

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L'exposé de la Légion Vosgienne lépangeoise sur la Grande-Guerre :

" Perpétuer le souvenir des poilus de 14-18 et transmettre leur héritage est exigence qui s’impose à nous, d’abord par fidélité aux fondateur de la Légion vosgienne, ensuite parce que se souvenir, c’est comprendre le monde qui nous entoure.
Notre propos porte, cette année, sur le bilan de la Première Guerre mondiale. "
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1914, C’est l’âge d’or de l’Europe. Elle est riche, prospère et puissante. Elle domine le monde sur tous les plans : politique, industriel, financier, culturel. L’Europe partout est la première.
Le 28 juin 1914, un événement va bouleverser l’histoire du monde et le plonger dans le chaos : l’assassinat à Sarajevo de l’archiduc François Ferdinand, héritier de la couronne de l’empire d’Autriche-Hongrie
Cet attentat, c’est l’étincelle qui met le feu aux poudres. Les évènements vont s’enchaîner très vite par le jeu des alliances. Un mois plus tard c’est la guerre, une guerre totale, d’une horreur exceptionnelle, une guerre qui va changer la face du monde. La Première Guerre mondiale est un désastre sans précédent dans l’histoire de l’Europe.

14-18, c’est avant tout une effroyable hécatombe.
• L’Europe est saignée : près de 10 millions de morts au combat, 17 millions de blessés, 6,5 millions de mutilés. Proportionnellement, la France est le pays le plus touché avec près de 1,5 million de tués soit 10 % de la population active masculine.
• Les morts et blessés concernent presque exclusivement le sexe masculin et les classes d’âge situées entre 19 et 40 ans, c'est-à-dire les forces vives et des hommes en âge de procréer. La jeunesse européenne est fauchée par la guerre.
• Une hécatombe effroyable qui entraîne :
- un déséquilibre entre les sexes au profit du sexe féminin ;
- un vieillissement de la population, qui est aggravé par l'effondrement de la natalité durant ces 4 années de guerre. En France, on évalue à 1,6 million le déficit de naissances.
Les effets du vieillissement seront durables, puisque le déficit va se répéter 20 ans plus tard avec l’arrivée à l’âge de la fécondité des classes creuses nées pendant la guerre.
• Aux pertes dues à la guerre viendront s’ajouter, en 1918 et 1919, les victimes de la pandémie de grippe espagnole bien plus meurtrière encore que la grande guerre puisque on estime qu’elle fera, en deux ans, environ 30 millions de morts à travers le monde.
Revenir un instant sur le nombre de morts de la Grande Guerre, sachant combien il est difficile de se représenter mentalement un grand nombre. Ces 10 millions de morts c’est en moyenne près de 7000 morts par jour pendant 4 ans, c’est la population de 10 500 villages comme Lépanges. Encore plus saisissant, si on alignait 10 millions de personnes en rang par 10, en espaçant d’un mètre les rangs les uns des autres, la file atteindrait 1 000 km de longueur.

14-18, c’est ensuite des destructions considérables
Elles affectent durement habitations, usines, exploitations agricoles, mines, infrastructures de communication comme les ponts, les routes les voies ferrées. La France a subi de terribles destructions. C’est encore le pays le plus touché. Le Nord et l’Est sont dévastés.
• Des villages entiers de la Meuse, de la Marne sont rayés de la carte et ne seront pas reconstruits.
• Trois millions d’hectares de terres sont ravagés par les combats. En maints endroits l’agriculture est interdite avant le déminage qui va prendre plusieurs années.
• 11 départements – dont celui des Vosges - sont déclarés en totalité ou en partie « zones rouges », en raison des destructions massives subies au cours du conflit, de la contamination des sols ou du danger présenté par les millions de munitions non explosées. Seules quelques activités y sont autorisées comme la sylviculture et les activités militaires. Le camp militaire de Suippes dans la Marne a été implanté sur les ruines de cinq villages (Tahure, Ripont, Les Hurlus, Perthes, Le Mesnil).
Ces zones rouges concernent 180 000 hectares qu’il faut nettoyer, dépolluer, déminer et restaurer.
14-18, c’est encore un désastre industriel et agricole
• La guerre affecte tous les secteurs de l’économie et désorganise les circuits commerciaux, entraînant la perte d’importants marchés.
• Pendant 4 ans, les ressources économiques sont mises au service de la guerre qui est la priorité absolue. Dès 1915, tous les pays doivent reconvertir leur industrie pour soutenir l’effort de guerre. Si elle n’avait pas veillé à augmenter sa production, la France, par exemple, se serait retrouvée à court de munitions pour son artillerie lourde, deux mois à peine après l’ouverture des hostilités.
• La guerre terminée, il faut reconstruire, revenir à une économie du temps de paix et relancer l’activité, tout çà avec une main d’œuvre fortement réduite.
• Les séquelles de la guerre sont tout aussi importantes pour l’agriculture. En France par exemple, 50% des paysans - les paysans ont fourni l’essentiel des troupes de fantassins - sont morts dans les combats.

14-18 c’est enfin un bilan financier catastrophique
• La guerre a un coût énorme. Elle ruine les finances publiques. Dans le même temps, l’inflation affaiblit gravement les monnaies.
• Les Etats européens tentent de faire face à leur lourd déficit par l’emprunt public, l’augmentation des impôts directs, et les campagnes de collecte d’or.
• Ce n’est pas suffisant. On fait la guerre à crédit et la reconstruction va creuser davantage l’endettement.
• La principale source de financement se situe aux USA. Débiteurs de l’Europe avant la guerre, ils en deviennent rapidement les créanciers et le premier bailleur de fonds mondial.
• L’exemple de la France : sans tenir compte des dettes qu’elles à contractées à l’extérieur, il a été calculé que la guerre lui avait fait perdre l’équivalent de 11 années d’investissement, calcul effectué par rapport au niveau de 1913.

Le bilan de la guerre est donc considérable sur tous les plans : humain, matériel, économique et financier.

Mais la Grande Guerre a aussi entraîné d’autres conséquences importantes.
• La révolution bolchévique de 1917 qui abat l’empire russe des tsars et qui aboutira à l’instauration du 1er Etat communiste, l’Union soviétique.

• L’abolition de trois autres empires continentaux qui ne survivent pas à leur défaite, l'empire allemand dont le territoire est amputé notamment au profit de la Pologne et de la France, l’empire ottoman qui cède la place à la république de Turquie et l’empire d’Autriche-Hongrie qui est démantelé.

La conférence de paix qui se réunit à Paris en janvier 1919 et les traités de paix qui s’ensuivront consacrent la disparition de ces trois empires, et réorganisent l’Europe sur leurs débris.

Le retour à la France de l’Alsace – Lorraine qui avait été annexée par l’empire allemand en 1871. Ce retour des « chères provinces » pour reprendre l’expression utilisée par la presse en 1919 devient le symbole des réparations de guerre même s’il ne peut faire oublier tans de souffrances.
La carte de l’Europe est redessinée
Des Etats s’agrandissent, d’autres comme la Pologne renaissent et recouvrent leur indépendance.

Deux Etats nouveaux apparaissent en Europe centrale : la Yougoslavie et la Tchécoslovaquie, deux petits États hétérogènes, composés de peuples de religions, de langues et même de nationalités différentes : réunir dans un même Etat Serbes, Bosniaques, Croates, Kosovars et autres Slovènes quel pari osé !)

• S’agissant de l’Allemagne, le traité de Versailles la déclare responsable du déclenchement de la guerre et la condamne : elle doit réduire son potentiel militaire et payer de lourdes réparations dont le montant s’élève à 132 milliards de marks-or.

Cette condamnation suscite en Allemagne un sentiment de rancœur et de revanche dirigé contre la France. Elle apparaît aux yeux des Allemands comme injuste et humiliante car ils estiment qu’ils n’ont pas perdu la guerre mais plutôt que celle-ci s’est arrêtée à cause de l’épuisement des pays belligérants.
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Le 11 novembre 1918, la Grande Guerre s’achève. Elle laisse derrière elle une Europe meurtrie, dépeuplée, appauvrie, endettée, transformée par les traités de paix, déstabilisée par la révolution russe.
L’espoir suscité par la Conférence de paix et les traités sera de courte durée :
• La question des minorités nationales en Europe centrale n’a pas été réglée. Le découpage des nouveaux États se révèlera rapidement une source de tensions.
• L'Allemagne qui a été tenue à l’écart des négociations, ne va pas tarder à rejeter les clauses du traité de Versailles qu’elle considère comme un diktat.
Autant de germes de guerre qui n’augurent rien de bon.

A peine arrivé au pouvoir en 1933, Hitler met fin définitivement au paiement des indemnités de réparation et réarme l’Allemagne.
Le spectre de la seconde guerre mondiale se profile. La jeune Société des Nations créée en 1919 pour empêcher tout nouveau conflit échouera dans son objectif de maintenir la paix.

La guerre de 14 – 18 ne sera pas la der des der comme le souhaitaient les poilus rescapés de l’horreur.


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